la septième journée
le 1er jour de mon arrivée à la Vernarède, en prenant l'apéritif, je feuillette un livre sur les Cévennes. page après page j'en arrive au chapitre sur les mines et je m'arrête sur une saisissante photo de bâtiments en ruines. seule indication de lieu : La Rouvière. le patron de l'hôtel ne connaît pas, l'ordinateur non plus et moi j'ai un faible, une tendresse particulière pour les friches et les ruines industrielles. elles m'émeuvent profondément.
l'histoire pourrait s'arrêter là mais le lendemain à Alès je m'adresse à la charmante employée de l'office du tourisme. ma demande la surprend, elle a d'abord le réflexe de me proposer un dépliant sur la maison du mineur à la Grande Combe puis elle tapote sur son clavier quelques secondes avant de me dire que ce que je cherche doit se trouver en Ardèche du côté de Ste Marguerite Lafigère.
"c'est pas très loin" nous disons-nous après avoir repéré le minuscule village sur notre atlas routier et nous décidons de nous y rendre.
une fois passé Villefort, nous nous engageons sur une petite route qui longe les gorges du Chassezac, à intervalles réguliers des panneaux mettent en garde le promeneur :
il est dangereux de s'aventurer dans le lit de ce cours d'eau ou sur les îles et bancs de gravier, l'eau pouvant monter brusquement et à tout moment par suite du fonctionnement des centrales hydroélectriques et des barrages.
EDF a posé son empreinte dans ce beau paysage, sa présence est massive.
après Ste Marguerite, la route se fait encore plus étroite, on sent qu'on brûle et effectivement le minuscule panneau du lieu-dit La Rouvière nous le confirme. encore un ou deux tournants et voilà la photo matérialisée en contre-bas, grandiose, inatteignable.
un même panneau de mise en garde nous annonce en jaune rouge et noir que notre quête devrait raisonnablement s'arrêter ici
mais on est des aventuriers du dimanche un peu imbéciles alors on y va, on descend entre pierres et broussailles jusque dans le lit de la rivière.
pas facile de la traverser, trouver l'endroit propice nous prend une bonne heure pendant laquelle j'ai le temps d'imaginer le tsunami qui nous arriverait dessus si le barrage de Villefort lâchait un peu de flotte.
enfin, à coeur vaillant rien n'est impossible :
ils sont là, majestueux, ces murs témoins encore debout,
seuls vestiges des bâtiments construits à la toute fin du 19ème siècle pour une durée d'exploitation très courte, un âge d'or d'une vingtaine d'années où jusqu'à 300 ouvriers extrayaient et traitaient cuivre, plomb et argent.
et puis en 1915 c'est l'abandon et le démentèlement
alors commence le temps du vide, considérablement plus long que celui de l'activité. vide comblé peu à peu de nature jusqu'à en être rempli.
c'est à l'abri entre murs et arbres que nous déjeunons d'un morceau de pain et de saucisson, de pommes et d'abricots.
puis vient le moment pénible de la remontée, un dernier bâtiment à longer. nous apercevons quelques entrées de galeries reconverties en repères confortables pour chauves-souris.
à quelques kilomètres de là nous trouvons encore la force de grimper hardiment sur la tour de La Garde-Guérin qui domine les gorges. je suis épuisée et attendrais volontiers là que la nuit s'installe.
et le grand lino me direz-vous ? il a profité du climat et s'est épanoui. il a en tout cas très bien supporté le voyage.
heureusement pour lui car dans une semaine nous repartons plein nord
pour un week-end de rencontres et d'impression à la galerie Modulab à Metz.
et si vous passiez par là ?
du coup, je n'ai pas eu le temps de faire l'à faire de juin. mais je ne l'oublie pas pour autant, elle viendra avec du retard voilà tout.